Quel budget pour acheter une voiture électrique ?

Le marché français de la voiture électrique est en plein essor avec une augmentation de près de 70% en 2 ans. Cependant, à l’heure actuelle, ce marché représente seulement 2% des ventes. Les principaux freins ? Le prix et le manque d’autonomie.

La voiture électrique la plus vendue est la Renault Zoé, à elle seule elle concentre 44% du marché (18 818 immatriculations en 2019). La Zoé Life en achat intégral (c’est-à-dire batterie incluse) coûte 32 000 € avant bonus. En comparatif, elle coûte plus cher qu’une berline de luxe. Il est possible de l’acheter sans batterie au prix de 23 900 euros, soit le prix d’un gros SUV Kadjar de la marque Renault. 

La Model 3, commercialisée par Tesla est la deuxième voiture électrique la plus vendue en France en 2019 (6 456 immatriculations). Elle coûte 49 600 € en version de base, soit 3650 € de plus que la luxueuse Mercedes Classe C break (toutes options).

Des prix élevés qui peuvent peut-être expliquer le montant des aides à l’achat mises en place par les pouvoirs publics. 

 

Jusqu’à 11 000 € d’aide à l’achat d’un véhicule électrique

La loi de Finance maintient en 2020 le bonus écologique. Celui-ci est plafonné à 27 % du prix d’achat TTC, pour les modèles zéro émission d’un prix inférieur ou égal à 45 000 € soit 6 000 €. Au delà de 45 000 €, l’aide d’État n’est plus que de 3000 € et elle disparaît au-delà d’un véhicule électrique de plus de 60 000 €. 

Cela peut se cumuler avec la prime à la conversion. Cette dernière est accordée si, concomitamment à l’achat de votre nouvelle voiture, vous mettez au rebut un véhicule à essence immatriculé pour la première fois avant 1997 ou un diesel d’avant 2001 (ou 2006 pour les foyers aux revenus modestes). 

Le montant de la prime varie en fonction des ressources du foyer. Si votre Revenu Fiscal de Référence (RFR) n’excède pas 13 489 € pour une part, (26 978 € pour un couple et 40 467 € pour un couple avec 2 enfants) vous pouvez avoir la prime maximale de 5 000 €, soit un total de 11 000 € d’aides à l’achat avec le bonus. 

Pour les foyers dont le RFR dépasse les plafonds, ils peuvent prétendre à une prime de 2 500 € s’ils achètent un véhicule électrique, soit un total de 8 500 € de subventions. 

Enfin, pour encourager l’achat de voitures électriques, certaines collectivités locales offrent des subventions supplémentaires : par exemple, 5000 € dans les Bouches-du-Rhône ; 6 000 € dans la métropole du Grand Paris. 

 

Une forte décote à la revente

Selon l’Automobile Club Association, une voiture électrique aura perdu 68 % de sa valeur au bout de 3 ans, contre 46 % pour un modèle thermique équivalent. Sur 4 ans, l’écart se réduit un peu : 74 % de décote pour le véhicule électrique contre 58 % pour un modèle thermique. 

D’autant plus qu’à âge identique, la voiture verte aura parcouru moins de kilomètres (environ 7500 km/an contre 10 000 km/an pour une voiture thermique). En 4 ans, une voiture électrique aura donc 10 000 km de moins, sans que cela compense sa décote, bien supérieure.

 

La location privilégiée 

Avec un prix d’achat élevé, des modèles très rares sur le marché de l’occasion ou encore une fiabilité du temps des batteries encore questionnée, les voitures électriques sont donc plus sujettes à des formules de location. Tous les constructeurs l’ont bien compris et possèdent tous des offres spécifiques afin de bien répondre à la demande. 

Pour la Zoé, Renault propose une location longue durée à 99 € par mois sur 37 mois, dont 22 500 km inclus. Le premier loyer majoré de 8 000 € est ramené à 2 000 € après déduction du bonus écologique de 6 000 €. Cependant, cette offre n’est pas valable pour tous. En effet, l’offre est soumise à la reprise d’un véhicule roulant de plus de 12 ans qui n’est pas éligible à la prime de conversion. Néanmoins, la location d’une Zoé est tout de même possible même si l’on ne possède pas de voiture de plus de 12 ans, mais le premier loyer sera alors plus important et s’élèvera à 4 500 € comprenant une majoration de 2 500 €. Au bout de 3 ans, la location d’une Renault Zoé aura coûté 10 000 € avec le prix des loyers et 500 € en moyenne de frais de remise en état. Pour la revendre après 3 ans, l’acheteur doublera le coût unitaire de celle-ci qui atteindra un montant de 17 680 € (prix achat de 32 000 € – 6 000 € de bonus = 26 000 €, auxquels s’applique une décote de 68 % sur 3 ans ; d’où, une valeur de revente potentielle de 8 320 €). 

La location de batteries est aussi moins coûteuse que de l’acheter avec un prix de 1 473 € pour 37 mois, au lieu de 8 100 €. Cependant, des frais annexes viendront se greffer à ces sommes : installation d’une prise de courant de forte intensité à domicile pour charger la voiture d’un montant de 450 € et d’une box de recharge rapide telle la Renault Wallbox d’un montant de 1 000 €, ainsi que le câble délivrant de fort courants à 250 €. Qu’on achète ou qu’on loue, le montant de la voiture monte très vite.

 

Un coût d’entretien encore inconnu

Les ventes étant peu nombreuses, il est difficile d’évaluer avec précision le coût d’entretien des véhicules électriques. Tout de même, le coût d’entretien des voitures électriques reste moins coûteux que celui des voitures thermiques. En effet, la différence entre les voitures électriques et les voitures conventionnelles se constate au travers des pièces. Malgré un système électronique dont les freins ou le freinage ABS par exemple qui est identique, les voitures électriques possèdent moins de pièces à entretenir comme l’embrayage, la boîte de vitesse, l’alimentation carburant… Elles doivent subir tout de même les mêmes opérations de maintenance, mais encore très peu utilisé, le niveau de kilométrage annuel est faible et régulièrement, les possesseurs de véhicules verts changent de voiture grâce à la formule de location longue durée. Dans ces formules, les constructeurs prennent toujours en charge l’entretien de la voiture et le remplacement des pièces d’usure, à l’exception des pneus. Cependant, il est difficile de définir un prix pour le client. Dans quelques années, les informations inconnues devraient être plus visibles grâce au développement du marché de l’occasion. 

 

Un plein à prix réduit 

Imbattables, les prix d’un plein d’essence face à un plein d’énergie ne sont pas comparables. En effet, le plein d’une voiture thermique équivalente, comme la Clio par exemple, est en moyenne cinq fois plus cher qu’une voiture électrique qui peut faire son plein d’énergie pour 2 € aux 100 km comme la Zoé notamment. Ce qui revient à 9,33 € pour 6,2 litres aux 100 km. Cependant, hors du domicile, les utilisateurs de voitures électriques doivent faire face à des prix différents selon les recharges. Recharger sa voiture dans des parkings publics est simple, rapide et gratuit notamment sur les parkings de la grande distribution comme Auchan, Leclerc, Ikea, etc. Néanmoins, il est compliqué de trouver une borne disponible, tant elles sont prises d’assaut. Les parkings privés Vinci et Effia ont aussi des bornes de recharge, mais il faut compter 20 à 30 centimes par heure au-dessus du prix ordinaire du stationnement. D’autant plus que certaines places sont réservées à la recharge des véhicules produisant peu d’émissions polluantes dites “propres”. Il y a également les emplacements d’autopartage, où la recharge équivaut entre 1 et 3 € par heure, plafonnée à 4 ou 6 € selon les villes. Il est possible de charger sa voiture sur les aires d’autoroute sur des bornes rapides qui permettent de récupérer 4 km d’autonomie par minute de charge, soit 120 km en 30 minutes et un plein complet en une heure. Néanmoins, il faudra débourser un peu plus cher soit entre 10 et 20 centimes par minute, soit 15 € environ pour 1h30 qui permet de faire le plein d’une Zoé par exemple, l’équivalent d’une consommation d’essence de 4 litres/100 km avec  50 km d’autonomie au moment de la recharge. 

Prenons l’exemple d’un coût moyen de 3 € aux 100 km sachant que selon l’Automobile Club Association un véhicule électrique coûte 4 € aux 100 km. Dans ces conditions, le coût d’un chargement pour 10 000 km s’élèvera à 300 € d’énergie pour la Zoé face à 933 € d’essence pour une Clio essence de même gamme, soit trois fois plus. Ainsi, rouler en électrique et pas simplement plus écologique mais également moins cher. La différence du coût de l’énergie entre ces deux voitures équivaut à 633 € qui revient à quatre mensualités de location de la Zoé (99 € + 39 € = 138 €). 

 

Assurance, jusqu’à 50 % moins chère 

Enfin, malgré un coût plus élevé sur le prix des péages et des garages qu’un modèle thermique, la voiture électrique se rattrape au niveau de l’assurance. Grâce aux risques d’accidents faibles, les assureurs font les yeux doux aux voitures électriques. En effet, les assureurs parient sur l’électrique avec des primes variant de 25 à 50% inférieures face aux voitures thermiques. Ce qui permet d’évaluer une économie annuelle moyenne de 140 à 275 € pour une Nissan Leaf par exemple. Les contrats d’assurance pour les véhicules électriques prévoient notamment en cas de panne de batterie, une assistance de rapatriement vers une borne de recherche. Cependant, les modèles de voiture électrique comme la Tesla model X d’une valeur de 96 700 € ou la Porsche Taycan d’une valeur de 108 600 €, sont susceptibles de payer une assurance plus élevée en vue de leurs grandes vitesses pouvant atteindre les 250 km/h et qui sont donc plus sujette à des risques d’accidents. 

 

Source : Revue de Presse – Dylan Carbonnel S13 2020 – 23 mars 2020